Hasard? Destin? L'un ou l'autre fait parfois bien les choses. Au fil des rencontres, on trouve des endroits, des gens, des évènements qui restent gravés dans la mémoire et dans le cœur. C'est un peu ce qui s'est passé pour nous cette fois là, grâce à Joséphine.
Joséphine, nous l'avons rencontré en prenant des cours de Japonais en France, puis nous l'avons revu à Tokyo lors de notre premier voyage. Nous ne nous connaissions pas particulièrement, mais le courant passait tellement bien, que finalement, nous sommes venus la voir dans sa jolie campagne à Sasama.
Et que dire! Nous avons été tellement gâtés! Notre hôte nous avait préparé un séjour aux petits oignons!
Mais dans un premier temps, il a a fallu rejoindre notre destination, pas si facile quand il faut quitter les grandes villes pour se rendre dans des endroits méconnus!
Nous avons d'abord pris le Shinkansen depuis Kyoto, puis deux autres petits trains dans de petites gares perdues, mais grâce aux bons conseils de Joséphine et à l'aide d'un petit papy édenté, nous n'avons pas eu tellement de difficultés! Nous avons même profité d'une petite pause sur le quai pour déguster une bière locale, à l'effigie des trains à vapeur de la compagnie de chemin de fer du coin.
Arrivés à destination dans la petite gare en bois de Kawane Onsen, notre hôte nous attendait déjà, avec bus et chauffeur! Nous sommes tellement contents de voir Joséphine! Les routes sont étroites et sinueuses, le vieux bus tiendra-t'il jusqu'au bout? Il nous mènera tout de même à destination, bien qu'avec peine.
Nous découvrons le centre dans lequel nous allons loger. C'est une ancienne école réhabilitée. Sur le terrain de sport, des garçons s'entrainent au baseball. Une chambre avec tatami à été aménagée dans une vieille salle de classe, nous y laissons nos affaires avant de visiter la maison de Joséphine. C'est une jolie bâtisse de bois traditionnelle, avec ses tatamis et ses portes coulissantes. A l'arrière, le thé pousse à ras des murs, on aperçoit les montagnes par la fenêtre.
L'après-midi, nous prenons le chemin du village voisin. Joséphine veut nous emmener dans un endroit qu'elle aime beaucoup sur la montagne. Nous partons à pied sur la route, il y a peu de voitures, nous croisons même un tanuki et nous faisons un selfie devant un petit sanctuaire :'D
Après
manger (Sobas et kare pan), nous traversons le village pour aller
visiter l'usine où est produit le thé. Nous sommes accueillis
chaleureusement par Monsieur Okamura qui nous fait faire le tour en nous
expliquant la fonction de chaque machine. C'est très technique, parfois
assez difficile même avec l'aide de Joséphine pour nous faire la
traduction, mais on comprend l'essentiel et c'est vraiment passionnant.
Les feuilles fraîchement cueillies sont amenées à l'usine pour être
étuvées puis passent ensuite par plusieurs phases de malaxage qui
sèchent les feuilles et les "roule". On passe ensuite au séchage et à la
finition où les feuilles sont "triées", débarrassées de la poudre et
des petits morceaux indésirables. La préfecture de Shizuoka, est la
première région productrice de thé du Japon, mais le thé de Sasama m'a
paru avoir un gout vraiment différent de ceux que j'ai pu tester.
Une
fois sortie, nous en profitons pour faire une petites balade dans le
village et les champs, le nez encore rempli de l'odeur des feuilles en
train de chauffer. Tout ici est un délice, la vue, les odeurs,
l'ambiance... Nous montons dans la montagne jusqu'à un sanctuaire au
petit torii rouge vif. Le soleil commence à tomber, d'abord sur les
plantations, bien taillées après la récolte, puis sur les montagnes,
traçant de longs rayons dorés entre les cimes sombres.
Nous
faisons une halte au seul "magasin" du coin avant de rentrer. Dans une
petite baraque en bois, des étagères s’alignent. Quelques bricoles, de
quoi grignoter, des graines et surtout un bon rayon d'alcools en tous
genres... c'est parfait!
Ce
soir, Joséphine a convié tout le monde pour une petite fête. Nous
poussons les murs, rassemblons toutes les tables puis accueillons les
premiers invités. En peu de temps, la table est recouverte de mets tous
plus délicieux les uns que les autres! Nous aussi avons ramener de quoi
déguster: Fromage, saucisson, vin, absinthes et... champagne! Le comté
finira même en tempura! Nous passons une merveilleuse soirée, à manger,
boire et chanter! Une joyeuse assemblée! Inoubliable!
Tard
dans la nuit, je rentre au centre et croise le "gardien" qui me dit que
le bain est encore tiède. J'en profite pour aller me plonger dans l'eau
juste chaude. Tout est calme et silencieux.
Le
lendemain, malgré nos efforts pour nous lever de bonne heure, nous
sommes en retard! Les garçons du "club" de baseball sont venu nous
amener le déjeuner: Des petits oignons marinés. Je me demande si ce
n'était pas une blague pour nous tester XD. Nous prenons le temps de
gouter leur préparation puis nous sautons à l'arrière d'une camionnette
pour rejoindre la maison de Haraki, Sakiko et Yuujiro. Nous avons
rendez-vous pour cueillir le thé de leur champs! Bandeaux, chapeaux, un
peu de spray sur les jambes pour se protéger des tiques, et c'est parti!
Il faut ramasser les bouts qui dépassent, les feuilles encore vert
tendre se dressent tout droit, les tiges souples se cassent toutes
seules sous le doigt. En soi, ce n'est pas difficile, mais nous avons
vraiment peur de mal faire, nous nous appliquons donc avec soins! Après
quelques heures de travail qui me semblent bien courtes, nous faisons
une pause. Haraki à préparé du thé et des petits gâteaux. Que c'est bon!
Nos hôtes s'inquiètent que nous puissions être ennuyés, mais nous
aimons vraiment la cueillette! Nous demandons de continuer, au moins
pour finir notre rang. En vérité, nous avons trouvé ça très agréable et
relaxant! Mais bien évidemment, ce ne doit pas être la même chose quand
on y passe des journées. :)
Nous
avons récolté environ 4kg de feuilles, ce n'est même pas assez pour
faire un sachet de 100g... J'ai bien peur que nous ne soyons pas de bons
ouvriers!
L'après-midi, nous prenons le chemin du village voisin. Joséphine veut nous emmener dans un endroit qu'elle aime beaucoup sur la montagne. Nous partons à pied sur la route, il y a peu de voitures, nous croisons même un tanuki et nous faisons un selfie devant un petit sanctuaire :'D
Nous
arrivons au village d'Aobara, installé lui aussi le long de la rivière.
Les champs de thés grimpent sur les flans de montagne, entre les forêts
de conifères. Nous commençons à monter, mais il semble que la route est
plus longue que prévu. Joséphine s'arrête à une usine de thé dont elle
connait le propriétaire pour demander plus d'informations sur le chemin.
Nous gouterons ainsi encore une fois à la gentillesse des Japonais.
Monsieur Oshita a demandé à son fils de nous emmener et nous ramener
jusqu'à notre destination. Nous sautons dans la benne à l'arrière de la
camionnette et filons sur les routes chaotiques. Nous prenons ainsi
consciences que le chemin était biiiiien plus long que ce que nous
avions imaginé, impossible de le faire à pied dans le peu de temps que
nous avions de disponible.
Nous
voilà à destination! La vue est en effet splendide. Les champs de thé
s'étalent devant nous, les sommets des montagnes se dressent tout
autour. En bas, des points colorés dans la vallées laissent deviner
quelques habitations. Quel endroit magique! Nous nous attardons quelques
temps avant de repartir pour une course folle en camionnette. Une fois
redescendus, Monsieur Oshita nous invite à visiter son usine. Une fois
encore, nous prenons plaisir à découvrir la fabrication, les Crocs aux
pieds. Nous avons même le plaisir de déguster le thé, et avant de
partir, nous recevons chacun un petit sachet. Toute cette gentillesse
nous va droit au cœur.
Ce
soir, nous sommes attendus pour diner! Une fois présentables, nous nous
nous rendons à nouveau chez Haraki, Sakiko et Yuujiro. Leur maison est
très grande et belle, typiquement japonaise. Pour le repas, nos hôtes
nous ont plus que gâtés! Nous avons droit à un sukiyaki succulent et des
sashimis à tomber par terre. La viande fondante était un délice. Les
shiitakes aussi étaient incroyablement bons, il y a beaucoup de culture
de ces champignons ici à Sasama. Bon sang, c'était tellement bon! Un des
meilleurs repas que j'ai eu dans ma vie! Et tous les autres seront
d'accord avec moi sur ce point!
Pour finir la journée, nous avons profité du bain. Un petit plaisir qui me manque terriblement!
C'est
déjà notre dernier jour à Sasama. Nous avons rendez-vous de bonne heure
au temple, pour une initiation au Zazen. C'est une méditation assise
avec une attention précise portée à la posture, à la respiration et à
l'apparition-disparition des pensées. Et déjà rien que pour la posture,
c'est difficile. Nous entrons et nous positionnons dans le temple selon
des gestes précis. Nous prenons ensuite un petit coussin pour nous
asseoir et nous mettons en position du lotus, face à un mur. Les genoux
permettent de se maintenir, il faut tenir le dos droit, les yeux demis
clos en regardant un point vers le bas. Il faut aussi "contrôler" sa
respiration et ses pensées. C'est très difficile! Nous n'y avons pas
droit, mais normalement, lorsqu'on se tient mal, le moine vient vous
frapper avec un bâton!
Nous
ne sommes restés ainsi qu'une quinzaine de minutes, pour les garçons
qui ont très peu de souplesse, c'était une torture... Le moine nous a
expliqué qu'il pouvait faire cela pendant des heures! Avant de partir,
il nous a montré sa collection de koi dans un bassin à coté du temple,
c'était magnifique! J'ai beaucoup aimé cette découverte du Zazen, je
m'entraine à refaire la posture quand je le peux chez moi!
Avant
de quitter le centre, nous avons reçu un petit paquet de thé du champs
où nous avons fait la cueillette. Aussi, la famille Okamura est venue
pour nous faire déguster ses productions. C'était vraiment très
intéressant car nous avons pu voir les différents types de thés et
différentes préparations. Nous avons testés plusieurs thés verts, du thé
noir et du ryokucha qui est du thé vert en poudre. Nous avons gouté le
thé chaud, mais aussi glacé, les deux sont délicieux.
Pour
préparé le thé comme à Sasama, il faut suivre un vrai protocole, 2 à 3 g
de feuilles par personnes suffisent, et l'eau ne doit pas dépasser 60°.
Le temps d'infusion est aussi très court. Cela donne un thé très clair
et doux, c'est très agréable à boire. Aussi, lorsque l'on sert, il faut
verser petit à petit dans chacune des tasses (Que l'on appel yunomi), et
ne pas verser une tasse d'un coup, afin d'avoir le même gout partout.
Et bien sur, on épuise jusqu'à la dernière goutte!
Tous
les thés étaient délicieux, nous avons donc acheté de tout et nous
avons encore reçu un cadeau, chacun un sachet de ryokucha! Madame
Okamura avait aussi préparé des petits gâteaux au thé et au chocolat
blanc, c'était très bon! Ses enfants ont de la chance d'avoir une maman
qui cuisine aussi bien! Ils sont d’ailleurs très mignons et ils
apprennent l'anglais avec Joséphine, même s'ils sont encore très petits!
Nous avons chargé les valises dans le bus. Le chef du centre à la gentillesse de nous avoir préparé toutes les indications nécessaires pour prendre notre train. Et quel train! Attendant sur le quai de la petite gare de bois, nous l'entendons arriver avec sa locomotive noire et son panache de fumé! Nous prenons un train à vapeur! C'est vraiment super, et bien qu'il nous aura couté plus cher que prévu, c'est un très bon souvenir. Alors que notre wagon se met en mouvement, nous faisons signe à nos amis sur le quai, puis nous nous éloignons doucement ballotés sur les rails. Nous admirons les paysages qui filent à travers les fenêtres. La rivière bleutée, les bois, les champs... au son de l'harmonica d'une hôtesse du train. Je repense déjà avec nostalgie à ces derniers jours, qui, comme l'avait dit Arnaud ou Jer (je ne sais plus lequel des deux) "m'ont presque redonné foie en l'humanité".